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« Nietzsche est célèbre pour avoir dit que Dieu est mort, mais les nouvelles de la mort du Tout-Puissant peuvent avoir été grandement exagérées », peut-on lire dans un blog du site GIZMODO qui propose une liste d’arguments philosophiques tentant à prouver que Dieu existe.

L’auteur de l’article « Les 7 arguments philosophiques les plus intrigants concernant l’existence de Dieu » prévient cependant qu’il s’agit d’arguments purement philosophiques qui ne sont enracinés ni dans les Écritures religieuses ni dans aucun type d’observation ou fait scientifique. Nous vous en proposons ici cinq d’entre eux.

1- Quelque chose doit avoir CONÇU/ORGANISÉ l’univers

L’argument de la conception, ou argument téléologique, suggère que nous vivons dans un univers qui doit avoir été conçu. Le cosmos montre un ordre et un but (apparent) ; par exemple, tout dans l’univers adhère aux lois de la physique, et de nombreux éléments sont corrélés les uns aux autres d’une manière qui semble déterminée. Comme le disait William Paley, de même que de voir une montre (et d’en saisir le fonctionnement) ne remet pas en doute l’existence de l’horloger, le fonctionnement de l’univers et de tout ce qui s’y trouve ne remet pas en cause l’existence d’un créateur mais suppose au contraire l’existence d’une intelligence supérieure, à savoir Dieu. Le théologien ajoute qu’il serait simplement absurde de supposer par exemple que l’œil d’un mammifère, avec la précision de son optique et sa géométrie, aurait pu se former par pur hasard.

2- Quelque chose doit avoir PROVOQUÉ L’EXISTENCE de l’univers

Les philosophes appellent cela l’argument de la cause première, ou l’argument cosmologique, et les premiers défenseurs de cette ligne de raisonnement comprenaient Platon, Aristote et Thomas d’Aquin. Il est fondé sur l’hypothèse que chaque évènement doit avoir une cause, et que la cause à son tour doit avoir une cause, et ainsi de suite. En supposant qu’il n’y ait pas de fin à cette régression des causes, cette succession d’évènements serait infinie. Mais une série infinie de causes et d’évènements n’a pas de sens (une boucle causale ne peut exister, ni une chaine causale de longueur infinie) ; il doit y avoir quelque chose – une sorte de cause première – qui est elle-même sans cause. Cela exigerait une sorte d’être inconditionné ou suprême – que les philosophes appellent Dieu.

3- La conscience prouve que des entités immatérielles existent

La conscience subjective est tout à fait différente de tout ce que nous traitons habituellement dans notre univers autrement matériel. La bizarrerie de la conscience et notre incapacité à la comprendre ont donné naissance à la notion de dualisme de substance, aussi connue sous le nom de dualisme cartésien, qui décrit deux types fondamentaux de choses : le mental et le matériel. Les dualistes disent que le matériel lui-même est incapable de produire une conscience subjective.

Et si nous sommes en partie matériels et en partie immatériels, il n’est pas impossible que des entités d’autre nature ou immatérielles existent, y compris Dieu.

4- La notion même d’un être parfait signifie que Dieu doit exister

C’est l’argument ontologique classique. Il fut d’abord formulé en 1070 par Anselme de Cantorbéry, qui soutenait que, parce que nous avons une conception d’un être parfait – qu’il a défini comme « ce dont rien de plus grand ne peut être conçu », celui-ci doit exister. Dans son essai « Proslogion », Anselme explique que même celui qui nie l’existence de Dieu, a dans son intelligence une représentation de l’être parfait et donc de Dieu. Mais si cet être existait simplement comme une idée dans nos esprits, alors il serait moins parfait que s’il existait réellement. Ainsi, si Dieu existe en dehors de notre simple imagination, il existe bel et bien quelque part.

Cette position a été défendue par René Descartes lui-même qui, dans sa 5e méditation, écrivait que la conception d’un être parfait qui manque d’existence est comme imaginer un triangle dont la mesure de tous les angles intérieurs n’est pas égale à 180 degrés.

5- Il doit y avoir quelque chose plutôt que rien

Appelé l’argument cosmologique de la contingence, il diffère légèrement de l’argument de cause première. Le philosophe allemand Gottfried Leibniz l’explique ainsi :

« Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Ainsi il faut que la raison suffisante, qui n’ait plus besoin d’une autre raison, soit hors de cette suite des choses contingentes, et se trouve dans une substance, qui en soit la cause, ou qui soit un être nécessaire, portant la raison de son existence avec soi ; autrement on n’aurait pas encore une raison suffisante, où l’on puisse finir. Et cette dernière raison des choses est appelée Dieu. »

Plus récemment, le philosophe Richard Swinburne a examiné la question plus inductivement :

« Il y a de fortes chances que s’il y a un Dieu, il fasse quelque chose de la finitude et de la complexité d’un univers. Il est très peu probable qu’un univers sans cause existe, mais plus probable qu’un Dieu sans cause existe. L’existence de l’univers […] peut être rendue compréhensible si l’on suppose qu’elle est provoquée par Dieu. »

CONNAITRE DIEU