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Existe-t-il un argument rationnel probant sur l’existence de Dieu ? Robert H. Nelson, professeur en politique publique à l’Université du Maryland, pense que oui, et défie les athées sur leur propre terrain dans un récent article publié dans The Conversation. Basant ses preuves sur des lois mathématiques ou encore des théories de la conscience humaine, Nelson, conclut que « l’existence d’un dieu est très vraisemblable ».

Voici une traduction d’extraits de sa publication.

Les lois mathématiques

En 1960, le physicien et prix Nobel Eugene Wigner a soulevé une question fondamentale : Pourquoi le monde naturel a-t-il toujours – aussi loin que nous sachions – obéi aux lois mathématiques ?

Comme l’ont soutenu des chercheurs tels que Philip Davis et Reuben Hersh, les mathématiques existent indépendamment de la réalité physique. C’est le travail des mathématiciens de découvrir les réalités de ce monde antithétique aux lois et concepts mathématiques. Les physiciens ont subséquemment appliqué les mathématiques utilisables d’après les règles de prédiction et confirmé l’observation de la méthode scientifique.

Mais les mathématiques modernes sont généralement formulées avant que des observations naturelles ne soient faites, et de nombreuses lois mathématiques aujourd’hui ne disposent pas d’analogies physiques connues. Bernhard Riemann n’avait aucune application pratique connue au moment de sa création intellectuelle.

Dans certains cas, le physicien aussi découvre les mathématiques. Isaac Newton était considéré comme l’un des plus grands mathématiciens et physiciens du 17e siècle. D’autres physiciens ont sollicité son aide pour découvrir une mathématique qui prédirait le fonctionnement du Système solaire. Il l’a trouvé dans la loi mathématique de la gravité, basée en partie sur sa découverte du calcul.

À l’époque, cependant, de nombreuses personnes se sont d’abord opposées aux conclusions de Newton parce qu’elles semblaient être « occultes ». Comment deux objets distants dans le Système solaire peuvent-ils être attirés l’un vers l’autre, agissant selon une loi mathématique précise ? En effet, Newton a fourni des efforts acharnés tout au long de sa vie pour trouver une explication naturelle, mais en fin de compte, il a pu simplement dire que c’est la volonté de Dieu.

Malgré les nombreuses autres avancées phénoménales de la physique moderne, pas grand-chose n’a changé à cet égard. Comme l’a écrit Wigner, « l’extraordinaire utilité des mathématiques dans les sciences naturelles est quelque chose qui se rapproche de l’ésotérique et il n’y a pas d’explication rationnelle à cela ».

En d’autres termes, seule l’existence d’un dieu peut rendre compréhensibles les fondements mathématiques de l’univers.

Maths et autres mondes

En 2004, l’éminent physicien britannique Roger Penrose a proposé une représentation d’un univers composé de trois mondes indépendants : les mathématiques, le monde matériel et la conscience humaine. Comme l’a reconnu Penrose, c’était un véritable casse-tête pour lui de savoir comment les trois interagissaient les uns avec les autres en dehors des compétences de tout scientifique ou autre modèle habituellement rationnel.

Comment les atomes et les molécules physiques, par exemple, peuvent-ils créer quelque chose qui existe dans un domaine distinct n’ayant aucune existence physique : la conscience humaine ?

C’est un mystère qui ne relève pas de la science.

Ce mystère est le même qui existait dans la vision du monde grec de Platon, qui croyait que les idées abstraites (par-dessus tout mathématiques) existaient d’abord en dehors de toute réalité physique. Le monde matériel que nous expérimentons dans le cadre de notre existence humaine est un reflet imparfait de ces idéaux formels antérieurs. Comme le savant de la philosophie grecque antique, Ian Mueller écrit dans « Les mathématiques et le divin », le domaine de tels idéaux est celui de Dieu.

En effet, en 2014, le physicien du MIT, Max Tegmark, soutient dans « Notre univers mathématique » que les mathématiques sont la réalité mondiale fondamentale qui anime l’univers. Selon moi, les mathématiques fonctionnent de manière divine.

Le mystère de la conscience humaine

Le fonctionnement de la conscience humaine est également prodigieux. Comme les lois des mathématiques, la conscience n’a pas de présence physique dans le monde ; les images et les pensées dans notre conscience n’ont pas de dimensions quantifiables.

Pourtant, nos pensées non physiques guident de manière mystérieuse les actions de nos corps humains physiques. Ceci n’est pas plus scientifiquement explicable que la capacité mystérieuse des constructions mathématiques non-physiques déterminant le fonctionnement d’un monde physique distinct.

Jusqu’à récemment, la qualité scientifiquement insondable de la conscience humaine entravait la discussion très savante du sujet. Cependant, depuis les années 1970, c’est devenu un sujet d’étude parmi les philosophes.

En reconnaissant qu’il ne pouvait pas concilier son propre matérialisme scientifique avec l’existence d’un monde non-physique de la conscience humaine, Daniel Dennett, athée de premier ordre, a effectué en 1991 un tournant radical dans la négation même de l’existence de cette conscience.

Trouvant cela tout à fait invraisemblable, comme la plupart des gens, un autre grand philosophe, Thomas Nagel, écrit en 2012 que, compte tenu du scientifiquement inexplicable de la conscience humaine, « nous allons devoir abandonner le matérialisme [scientifique] » comme fondement complet de la compréhension de l’existence du monde humain.

Le caractère surnaturel du fonctionnement de la conscience humaine accentue les raisons d’entériner la probabilité de l’existence d’un dieu surnaturel.

Religions et philosophies apparues presque simultanément dans le monde

Au cours des 10 000 dernières années au moins, les changements les plus importants dans l’existence humaine ont été menés par des développements culturels se produisant dans le domaine des concepts humains.

Dans l’ère axiale (généralement datée de 800 à 200 avant J.-C.), des concepts ayant changé le monde comme le bouddhisme, le confucianisme, les philosophies de Platon et d’Aristote, et l’Ancien Testament hébreu sont presque miraculeusement apparus à peu près au même moment en Inde, en Chine, dans la Grèce antique et parmi les Juifs au Moyen-Orient, chez des groupes n’ayant que très peu d’interaction les uns avec les autres.

Il y a eu de nombreuses théories historiques, mais aucune n’est en mesure, je dirais, de démontrer, comme fondamentalement transformationnel un ensemble de manifestions tel que l’essor du monde moderne. C’était une révolution dans la pensée humaine, fonctionnant en dehors de toute explication fondée sur le matérialisme scientifique, qui a mené le processus.

Que toutes ces choses étonnantes se soient produites dans la psychologie consciente des esprits humains, fonctionnant en dehors de la réalité physique, apporte de nouvelles preuves rationnelles, à mon avis, pour conclure que les êtres humains peuvent très bien être faits « à l’image de Dieu ».

Les différentes formes de culte

Dans son discours d’ouverture au collège Kenyon en 2005, le romancier et essayiste David Foster Wallace a déclaré : « Tout le monde voue un culte. Le seul choix que nous avons, est de savoir à quel culte se vouer ».

Bien que Karl Marx, par exemple, ait condamné l’illusion de la religion, ses partisans, ironiquement, ont vénéré le marxisme. Le philosophe américain Alasdair MacIntyre a ainsi écrit que pendant la majeure partie du 20e siècle, le marxisme était le « successeur historique du christianisme », affirmant montrer aux fidèles le véritable chemin d’un nouveau paradis sur terre.

Le marxisme et d’autres « religions économiques » qui ont prédominé dans l’âge moderne n’ont pas empêché le christianisme de persister…

Que la quintessence chrétienne, issue du judaïsme, ait montré un si grand pouvoir de maintien au beau milieu d’extraordinaires changements politiques, économiques, intellectuels et autres changements radicaux de l’ère moderne, est une autre raison pour laquelle je pense que l’existence d’un dieu est très probable.

Cet article a été publié à l’origine sur The Conversation. Lisez l’article original.

A VOIR : Qui est Dieu ?