Au mois d’aout dernier, Mubeen Rajhu, un jeune Pakistanais de 24 ans a tué par balle sa sœur de 18 ans Tasleem à leur domicile situé dans la ville de Lahore, au Pakistan. Lors d’une interview avec l’agence Associated Press (AP) publiée le 3 octobre, un collègue a expliqué que le jeune musulman aimait sa sœur mais qu’il n’avait pas d’autre choix que de l’exécuter parce que celle-ci s’était mariée à un chrétien.
Rajhu, après avoir longtemps encaissé les remarques désobligeantes de certaines de ses connaissances concernant la relation de sa sœur « bonne musulmane » avec un homme chrétien, a dans sa colère, acheté un pistolet. Le quatorzième jour du mois d’aout, il a cessé de se rendre à son usine. Il s’était rendu compte que sa sœur avait défié la famille en se mariant à un chrétien et que malgré les supplications incessantes de sa mère de quitter cet homme, elle n’y prêtait point d’attention. Pendant sept jours, Rajhu a laissé sa rage monter pour finalement aller vers sa sœur et lui tirer une balle dans la tête.
« Je lui ai dit que j’aurais honte de montrer à l’usine et de me montrer à mes voisins. Je lui ai donc dit ne pas le faire [NDLR : se marier avec l’homme chrétien]. Mais elle ne voulait rien entendre » a témoigné le tueur aujourd’hui emprisonné. Et d’ajouter « Je ne pouvais pas la laisser aller […] Je devais la tuer, il n’y avait pas d’autres choix ».
« Je suis fier que cet homme a fait la bonne chose à faire, la tuer. Nous ne pouvons permettre à quiconque de se marier en dehors de notre religion. Il a fait ce qu’il devait faire », a dit l’un des voisins de Rajhu.
Les chrétiens sont protégés en vertu de la Constitution du Pakistan, mais beaucoup sont confrontés à une grave persécution à cause de leur foi. Un rapport sur les mariages forcés de la Fondation Aurat Karachi affirme que jusqu’à 700 filles chrétiennes sont mariées de force chaque année à des musulmans et contraintes de se convertir à l’Islam.
Les soi-disant « crimes d’honneur » sont également à la hausse. Depuis des générations maintenant au Pakistan, on appelle ainsi un meurtre réalisé au nom de la réputation d’une famille. Les tueurs invoquent régulièrement un manquement à l’Islam de la victime. Et dans la grande majorité des cas, le meurtrier est un homme et la victime est une femme, explique l’article de l’AP. L’an dernier, 1 184 personnes ont été assassinées au nom de l’honneur ; 1 096 d’entre elles étaient des femmes, selon la Commission indépendante des droits de l’homme au Pakistan.
Un rapport publié en mai par la Commission des États-Unis pour la liberté religieuse internationale (USCIRF) a constaté que le gouvernement pakistanais a « continué de commettre et à tolérer des violations à la liberté religieuse », l’année dernière. L’USCIRF a désigné le Pakistan comme « pays particulièrement préoccupant » depuis 2002.
Lahore est considéré comme une ville particulièrement dangereuse à vivre pour les chrétiens. Nasir Saeed, directeur de CLAAS-UK, un organisme de bienfaisance voué à aider les chrétiens persécutés au Pakistan, a désigné Lahore comme « la région où les chrétiens souffrent le plus ». Le dimanche de Pâques de cette année, un attentat suicide dans un parc de la ville avait tué 72 personnes. Ce fut l’attaque la plus meurtrière au Pakistan depuis le massacre de 134 enfants dans une école militaire à Peshawar en décembre 2014. Bien que beaucoup plus de musulmans que de chrétiens aient été tués dans l’attaque, la faction des talibans qui a revendiqué la responsabilité de l’explosion a confirmé que les chrétiens en étaient la cible.
Prions pour une protection divine des chrétiens du Pakistan et plus particulièrement de la ville de Lahore. Prions également pour que le gouvernement s’appliquer plus sérieusement sur le sujet de la liberté de religion, en particulier envers les chrétiens qui sont minoritaires.