Mon souffle s'affole, mes jours s'éteignent, à moi la tombe !

Ne suis-je pas entouré de cyniques ? Leurs insolences obsèdent mes veilles.

Engage-toi donc, sois ma caution auprès de toi ! Qui consentirait à toper dans ma main ?

Vraiment, tu as fermé leur coeur à la raison, aussi, tu ne toléreras pas qu'ils triomphent.

Tel convoque ses amis au partage, alors que languissent les yeux de ses fils.

On a fait de moi la fable des peuples. Je serai un lieu commun de l'épouvante.

Mon oeil s'éteint de chagrin et tous mes membres ne sont qu'une ombre.

Les hommes droits en seront stupéfaits, et l'homme intègre s'indignera contre l'hypocrite.

Mais que le juste persiste en sa conduite, et que l'homme aux mains pures redouble d'efforts !

Quant à vous, revenez tous, venez donc ! Parmi vous je ne trouverai pas un sage.

Mes jours ont passé, ce que je tramais s'est rompu, l'apanage de mon désir.

Ils prétendent que la nuit c'est le jour, ils disent que la lumière est proche, quand tombe la ténèbre.

Qu'ai-je à espérer ? Les enfers sont ma demeure. De ténèbres j'ai capitonné ma couche.

Au charnier j'ai clamé : « Tu es mon père ! » A la vermine : « O ma mère, ô ma soeur ! »

Où donc est passée mon espérance ? Mon espérance, qui l'entrevoit ?

Au fin fond des enfers elle sombrera, quand ensemble nous nous prélasserons dans la poussière.